jeudi 6 juin 2013

348 Déjeuner en herbe

Enfin le retour des beaux jours !

Pour l'occasion Monsieur aime beaucoup me voir en belle de champs. La panoplie est large. Des petites robes fleuries, des jupons froufroutants, rubans dans les cheveux ou chapeau de paille. Et bien entendu j’ai une petite panière en osier qui va avec ma tenue et qui sert à ramasser ce que la nature nous offre : de l’oseille, des fraises de bois, mûres, myrtilles, des noisettes, châtaignes, champignons etc selon la saison. Je reste éloignée de la sophistication des grands maquillages pin-up et pour la lingerie je me pare du coton blanc brodé. Je n'irais pas au point de le choisir avec une petite inscription incitante, style: « le pan-pan cucul c'est par ici » ou un insolant « spank me ». Non, en pleine nature, nous somme très nature. Loin des artifices modernes. Et en suivant cette maxime à la lettre pour pique-niquer en amoureux rien que tous les deux, mon homme me préfère depuis toujours toute nue. Il trouve que mes vêtements gâchent le charme du paysage et surtout les courbes de mon corps. Le contraste, moi dévêtue, lui habillé nous convient à la merveille. Un « Déjeuner en herbe à notre façon ». Manet toujours d'actualité, 150 ans plus tard et comme à l'époque il est plus facile de déjeuner ainsi en Allemagne avec ses mœurs innocents et ses nombreux parcs qui tolèrent un petit coin pour des telles activités. Voila pourquoi le gendarme de Saint Tropez fait tant rire dans mon pays de naissance, car en fait on imagine la pudeur exagère comme une particularité de Cruchot au lieu de la lier à son ardeur de défendre la rigueur française. Ceci dit mon endroit de prédilection pour du Manet moderne restera la cap Creus qui se situe en Catalogne juste derrière la maison de Dali à Cadaqués.

Parfois, sans que je le sache d’avance, Monsieur choisit un endroit idyllique pour un petit récapitulatif de la semaine. Dans des telles circonstances ma nudité gagne le petit surplus qui la rend « autrement » troublante. C’est un moment à nous, un moment de grande complicité. Il lui arrive de me prendre sur ses genoux. Pour que je confesse mes petites bêtises qui ont échappées à sa vigilance. C’est un peu comme un petit rituel de purification en plein air.

T’as rien à me dire, isabelle ?

Son regard me fixe. Il est très fort à ce jeu et il arrive facilement à me faire rougir. Puis pour ma part j'adore me confesser. Goûter cet étrange sentiment de devoir énumérer ce que j'estime punissable. Enfin le dernier mot dans ce cas revient à mon homme et il est souvent beaucoup plus permissif que je le suis avec moi-même.

Par exemple, j’hésite sur une expression à la mode que j’ai fraîchement appris par une copine. Souvent le sens profond m’échappe et je répète bêtement. Il y a des finesses qui ne se trouvent pas dans les dicos. Qu’en pense-t-il sur l’usage ? Bon, lui il n’apprécie pas du tout. Il aborde le sens caché. Je l’écoute attentivement avec des grands yeux. J’aime quand il m’explique les choses à sa façon. Conclusion :

Je veux pas entendre ces mots dans ta bouche, isabelle.

Comme c'est touchant sa façon de s'occuper de moi. Toutefois essaye de relativiser pour la forme :

Mais cela se dit de nous jours couramment, mon chéri !

Pas chez nous.

Voila ! La question est réglée. Pas la peine d’y revenir. Et en fait je ne suis pas mécontente de sa décision. Et ainsi de suite. Monsieur me fait cuire en plein soleil. Il m’interroge, approfondit, va au fond. J’aime son sérieux. Pas question de profiter pour me peloter. Chaque chose en son temps. Et le temps pour faire le tour de ma petite personne, il le prend. Rien ne lui échappe. C'est une double mise à nu, d'abord au niveau des vêtements, puis au niveau de mes pensées intimes. Le plaisir que procure la confession pour celle qui se confesse et celui qui écoute. Et non, il n'y pas forcement satisfacio, veut dire punition sur le champs. Nous gouttons au trouble de la menace qui plane, une fois de retour à la maison...

2 commentaires:

  1. Bonjour Isabelle !
    Quelle ambiance terriblement... champêtre !
    Perso, je verrais dans le texte "347 fille pas sage" un premier volet , qui serait complété par le texte "Déjeûner en herbe!". Un bon scénario pour une petite saynète. Sympa, non ?
    Bonne journée à vous, Isabelle. Respectueusement. Mac-Miche.

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  2. Je crois que quand on parle de son couple, bien que de forme fort romancée parfois pour ne pas dépasser une certaine pudeur, tous se tient. Mais vous avez raison, le jeu de la confession complété bien la fille pas sage.

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