Voici
un autre joli texte de Main leste. Troisième et dernier volet de la
trilogie : « DU REEL A L'IMAGINAIRE ». J'aime
cette façon originale de s 'approcher du sujet.
DU
REEL A L'IMAGINAIRE (Par Main leste)
Trois
scènes, liées à la fessée, dont j'ai été réellement le témoin
au cours de ma vie (seuls les noms et quelques détails ont été
changés, pour préserver l'anonymat des protagonistes). Trois scènes
qui m'ont troublé, ont titillé mon imagination, car avant ou
après, il s'est sûrement passé quelque chose...
Martinet
voyageur.
De
visite chez un couple d'amis, Alain et Véronique, dans leur
maison à la mer, je remarquai un martinet, négligemment posé
sur un tas de bois près de la cheminée. Un martinet à l'ancienne,
au manche non pas jaune mais brun, et avec des lanières d'un cuir
qui ne devait avoir rien à voir avec le quasi-velours ou le
semi-plastique de beaucoup de leurs homologues modernes (et devenus
de toute façon maintenant si difficiles à trouver, hélas...).
Sachant que leurs enfants étaient grands (et espérant bien qu'ils
n'en auraient pas usé à leurs dépens même s'ils avaient été
petits) et qu'ils n'avaient pas de chien, je lançais à mes
hôtes un regard interrogateur. "C'est un martinet que nous
avons retrouvé dans le grenier de mes grands-parents", me
répondit Alain, sans la moindre gêne mais sans plus d'explication.
Ce martinet allait longtemps hanter mon esprit...
Hélas,
peu après, Véronique disparut dans un accident de
voiture. Revenant voir Alain dans sa résidence secondaire, il me fit
visiter, ainsi qu'à d'autres amis, une petite maison annexe, où
sa fille unique, jeune mariée, demeurait avec son mari quand ils
venaient lui rendre visite. Et là, sur une table, de nouveau le même
martinet.... Et Alain répéta la même explication que la fois
précédente. Une explication bien sommaire, et qui laissait la place
à bien des interprétations....
Ils
ont enfin fini de vider la maison des grands-parents d'Alain,
récemment décédés, et après cette épreuve toujours difficile,
vont enfin profiter d'un week-end dans leur villa à la mer. "Sors
un peu notre trouvaille", dit-il à Véronique. Celle-ci sort le
martinet du sac, et avant de le donner à son mari, le soupèse,
empoigne le manche, caresse les lanières. Alain lui administre
régulièrement la fessée, à son grand plaisir, mais elle n'a
jamais tâté d'un tel instrument. Là, pas besoin d'être grand
clerc pour deviner que cela va être le cas. "Bon, tu me le
donnes", redemande Alain d'un ton impatient. Elle le lui tend.
"Il n'y a pas à dire, les anciens savaient fabriquer de beaux
objets", constate-t-il pensif. "Bon, un petit retour vers
le passé de mes ancêtres te fera le plus grand bien. Retourne toi,
les mains sur le haut de la cheminée !", lui ordonne-t-il.
Véronique s'exécute, Alain se met derrière elle, dégrafe le
bouton de son pantalon qui tombe à ses pieds. Il dénude brusquement
son postérieur et le gratifie d'une bonne claque, qui lui arrache un
"aie !", précurseur de beaucoup d'autres. "Bien
cambrée", commande-t-il.
Alain
caresse ses courbes avec les lanières, la faisant frissonner. Puis
il lève le martinet, et l'abat sur les deux globes offerts à lui.
"Ouille !", crie Véronique, qui sait varier les
onomatopées. Mal assuré au départ, Alain comprend vite que ce sont
le bout des lanières qui font mal, et qu'il faut savoir varier les
coups pour que toute la surface corrigée soit touchée. Il sait
aussi, car il l'a lu dans les livres qui traitent de son fantasme
préféré, qu'il faut éviter qu'une lanière isolée ne fasse des
siennes, ou que des parties sensibles soient touchés. Il est
prudent, mais sévère, impitoyable même. Véronique crie et pleure,
se trémousse sous le fouet, mais il n'en a cure : tant qu'elle ne
dit pas "pouce", il sait combien elle apprécie ce rude
traitement.
"C'est
fini". Depuis des semaines, Alain se répète en boucle ce mail
qu'il a envoyé à tous ses amis lorsque Véronique est morte. Pour
la première fois depuis qu'elle est partie, il revient dans leur
résidence secondaire. Son regard tombe sur le martinet, et, lui,
d'habitude si fort, s'effondre devant ce témoin de leurs cinglants
mais tendres ébats. Il est tenté de le jeter, puis décide de le
laisser là où il est.
Quelques
temps plus tard, Alain, qui reçoit sa fille et son gendre,
s'aperçoit que le martinet a disparu de la grande salle où trône
la cheminée. Il le cherche partout, puis mû par une impulsion
subite, se glisse dans la petite maison pendant que le jeune couple
est allé se promener. Et là, il découvre l'instrument. La
surprise, la gêne d'être indiscret sont ses premières réactions.
Il se demande aussi si sa fille, en apparence décidée ou
autoritaire, se trouve du côté du manche ou des lanières... Puis,
un sentiment d'allégresse le saisit. Ainsi, donc le gout de la
fessée se transmet de génération en génération ! La fessée fait
la nique à la mort ! Il quitte la petite chaumière, avec le
sentiment, pour la première fois depuis la disparition de Véronique,
qu'il pourra retrouver un jour goût à la vie.
Pour
contacter l'auteur : vincentflaneur@yahoo.fr